Dans le prolongement des démarches engagées afin de proposer des solutions de mise en œuvre des missions socles, les professionnels de notre CPTS se sont accordés pour reconnaître l’intérêt de développer une démarche qualité dans une dimension pluriprofessionnelle, pour améliorer la qualité et l’efficience de la prise en charge des patients.
En effet, le mode d’organisation des CPTS est adapté à la mise en place d’échanges sur les pratiques, à l’organisation de concertations autour de cas patients et à la formalisation de retours d’expérience, notamment dans un cadre pluriprofessionnel.
Les professionnels de notre CPTS ont souhaité engager une démarche d’amélioration de la qualité en lien et en totale cohérence avec les missions socles engagées, notamment la polymédication qui est également un facteur de risque de fragilité de la personne âgée.
« Ne pas juste prescrire mais prescrire juste car la iatrogénie prend naissance dès l’intention de prescription »
Les données probantes démontrent que la fréquence des problèmes médicamenteux, des risques d’effets indésirables et d’erreurs médicamenteuses est corrélée avec le nombre de médicaments pris par un patient. L’émergence de phénomènes nouveaux tels que les résistances bactériennes, les effets néfastes de la iatrogénie, de même que la permanence des évènements indésirables dont 51% seraient évitables incitent à poursuivre les efforts de gestion des risque sur ce segment d’activité (PRS 2022 Occitanie).
Réfléchir à la « juste prescription » est donc l’objectif majeur de notre action, engageant non seulement les prescripteurs, mais également l’ensemble des acteurs pour promouvoir le bon usage du médicament, sensibiliser quant aux interactions médicamenteuses, évoquer le « réflexe iatrogénique » avant de traiter ou « surenchérir » face un nouveau symptôme, ou tout simplement privilégier les mesures hygiéno-diététiques avant le recours à l’allopathie…
Lors de son colloque annuel en 2017, La HAS a réuni un panel de patients et usagers qui a défini la pertinence d’un soin comme « un soin adapté aux besoins du patient et à son environnement de vie, administré suite à un véritable échange avec le médecin/professionnel, ayant une balance bénéfice/risque favorable, utile et juste scientifiquement, et enfin un soin accessible à tous les citoyens aussi bien au plan géographique que financier ». La pertinence d’un soin a donc également un volet social et médico-social.
La pertinence et la qualité des soins est un des piliers de la Stratégie Nationale de Santé. La région Occitanie a défini des enjeux dans le Cadre d’Orientation Stratégique (COS) dont la garantie de la qualité de la sécurité et la pertinence des prises en charge et des accompagnements est l’un de ses 5 engagements.
Notre CPTS souhaite s’inscrire dans un nouveau paradigme de « prescription raisonnée et concertée » en promouvant notamment la pharmacie clinique, aide précieuse apportée aux prescripteurs pour adapter et sécuriser les prescriptions et avoir une vision globale, pertinente et efficiente du traitement.
Cette action s’articule parfaitement avec la Mission socle 2 relative à la Fragilité. Parce qu’elle repose sur des facteurs humains, la prise en charge médicamenteuse comporte des risques importants d’erreurs, et plus particulièrement chez les personnes de plus de 65 ans polymédiquées.
En outre, il existe une sous déclaration des événements indésirables graves survenus en ville.
Il s’agit donc d’encourager une approche collaborative entre les pharmaciens et les généralistes, les établissements de soins et les professionnels libéraux, mais également communautaire avec tous les intervenants et acteurs de santé, pour une sensibilisation aux problématiques actuelles d’ajustement des prescriptions aux besoins du patient.
Sur le territoire de la CPTS du VAL, plus de 20% de la population est exonéré au titre d’une ALD, relative à un diabète (4%), une affection maligne (3,5%), une maladie cardio-vasculaire (4,1% dont 2,2% maladie coronaire), ou une affection psychiatrique (1,8%).
4,5% des patients de + 70 ans n’ont pas déclaré de médecin traitant, ce qui constitue une difficulté majeure en termes de suivi médical, sachant que 13% des patients de +65 ans ont eu au moins 10 molécules distinctes prescrites délivrées au moins 3 fois en 1 an, ce qui définit une polymédication continue, donc un facteur de risque élevé en termes de iatrogénie et de fragilité.
Pour mener à bien cette mission, un groupe de travail est constitué pour promouvoir le Bilan Partagé de Médication comme outil de lutte contre la polymédication, d’amélioration de l’observance médicamenteuse et de prévention du risque iatrogène.